Ne manquez pas « L’Innocence » de KORE-EDA au cinéma le 27 décembre prochain

Notre association L’Onde Bleue en partenariat avec le distributeur Le Pacte accompagne la sortie le 27 décembre prochain du nouveau film de Hirokazu Kore-Eda, L’Innocence, présenté à Cannes sous le titre Monster. Durant cette 76e édition, il a reçu la Queer Palm et le prix du scénario.

L'innocence film LE PACTE
L’innocence © LE PACTE

Le film met en scène le quotidien d’un établissement scolaire en dévoilant le comportement inquiétant de Minato, qui préoccupe sa mère, seule depuis la mort de son mari. Elle confronte l’équipe éducative, pointant du doigt le professeur de son fils. Cependant, à mesure que l’histoire se dévoile à travers les perspectives de la mère, du professeur et de Minato, la vérité apparaît plus complexe et nuancée que prévu, remettant en question les premières impressions.

Le film explore les problèmes de communication entre le corps enseignant, la direction et les enfants confrontés à des problèmes cachés, pouvant potentiellement aboutir à des drames en l’absence d’une intervention rapide. Il met en garde contre la fiabilité des premiers signaux, l’impuissance familiale et le choix de ne pas déclencher d’enquête. En mettant en lumière les limites des jeux d’enfants innocents et les attaques pouvant résulter du silence, le film confronte le spectateur à la frontière entre le monde enfantin et celui des adultes, souvent à l’opposé de la réalité. La puissance destructrice des rumeurs contribue à creuser le fossé entre le milieu scolaire et familial.

Le harcèlement et la conséquence d’une distorsion de la perception de soi et du monde

À force de subir le harcèlement et la persécution, la victime va peu à peu avoir une distorsion de sa vision de la réalité et des codes moraux. De même, il va adopter une attitude de repli et garder le silence de peur de passer pour une victime et d’être perçue comme une mauviette par le reste du groupe.
Une personne qui subit le harcèlement scolaire est sous emprise. Dans un premier temps, elle va peu à peu donner beaucoup d’importance à ce que pensent les autres au détriment du reste. Il y a une dépersonnalisation de la victime de la part du harceleur et de même, la victime va chercher à ne plus exister en tant qu’être à part et singulier.

Tout signe de faiblesse ou d’éléments créant une différence est alors automatiquement chassée par la victime, allant parfois jusqu’à une détestation totale de sa propre personne. Dans notre cas, le protagoniste va se dire ne pas être normal et cherche à trouver une cause médicale à son mal-être. En général, il est très difficile de formuler les choses, car en pensant qu’on porte une part de responsabilité dans son malheur, on tend à chercher à gagner le respect et l’admiration du groupe, surtout de ses harceleurs.

En faisant cela, la personne subissant le harcèlement rejette son statut de victime et tend à normaliser la situation et peu à peu s’autojuger de plus en plus négativement. Dans le film, il va se dire avoir un cerveau de porc, être un monstre et donc ne plus être humain. En perdant son statut d’être humain, il valide le comportement des autres et s’auto-persuade de ne pas mériter le bonheur et allant jusqu’à perdre toute raison de vivre. 

L’image de l’escalier de verre et l’impossibilité d’un retour à l’état initial

Le réalisateur filme la sortie du silence comme la fin d’une tempête ; une formulation poétique montrant qu’une fois la vérité révélée, on ne peut pas réellement revenir sur ses pas, car les choses ont changé et les gens auront également une vision différente de nous et de la situation. Pourtant, c’est important de dire quand on soufre d’une situation, parce que cela permet déjà de soulever la part de responsabilité partagée de chacun dans un conflit.

La communication ouverte et honnête joue un rôle essentiel pour identifier les causes profondes des problèmes et promouvoir la résolution constructive. En exprimant sa douleur, on brise le silence qui entoure souvent les situations difficiles, ouvrant ainsi la voie à une compréhension mutuelle. Cela permet non seulement de sensibiliser les autres aux difficultés vécues, mais également d’encourager la responsabilisation collective. Reconnaître et partager la souffrance peut favoriser une prise de conscience collective, contribuant ainsi à instaurer des relations plus saines et à prévenir de futurs conflits. En fin de compte, la communication ouverte et la reconnaissance des émotions constituent des étapes cruciales vers la résolution pacifique des conflits et la création d’un environnement où le respect mutuel peut prospérer.

Le choix de la construction du récit : l’importance d’avoir toutes les versions d’une histoire

Il est intéressant de voir comment le film va alterner 3 point de vue d’une même histoire. Nous démarrons par celui de la mère puis celui du professeur accusé de violence et terminons avec celui des enfants.

De cette façon, le réalisateur souligne l’idée qu’on ne doit jamais se fier aux apparences et aux premières impressions, mais apprendre à lire les signes et ne jamais agir de manière hâtive. Cette construction du récit nous montre combien nous avons sans cesse tendance à interpréter les situations selon notre point de vue en cherchant tant bien que mal à appliquer nos modélisations inconscientes. On cherche sans cesse un coupable, une cause et un effet, mais la réalité est bien plus complexe.

L’innocence © Le PACTE

Il est important d’avoir toutes les versions d’une même histoire, celle des parents, celles professeurs, celle de la victime et aussi, mais surtout celle de celui qui est dit être le harceleur. Si on ne permet pas à chacun de s’exprimer, nous allons condamner sans chercher réellement à mettre en place de la communication. C’est ce manque de communication qui est souvent l’élément qui a permis peu à peu de tomber dans une situation malsaine et sans empathie.

Le travail sur la communication et l’empathie est essentiel pour réduire les récidives de harcèlement scolaire. La méthode Pikas, axée sur la prévention, met l’accent sur l’écoute active, la compréhension des émotions et la communication non violente. En enseignant aux élèves à exprimer leurs sentiments et en favorisant l’empathie, cette approche renforce les liens sociaux, promeut la tolérance et réduit les situations de harcèlement en créant un environnement éducatif positif et respectueux.

La communication active et bienveillante pour mieux adapter sa réponse au problème

Comme le soulignent certains médecins scolaires ou psychologues, quand un enfant commence à ne plus vouloir aller à l’école, il y a plusieurs raisons possibles : phobie scolaire, harcèlement scolaire, peur de l’échec dans sa scolarité ou dans sa vie sociale, début de psychopathologie de l’adulte apparaissant vers 14-15 ans comme les psychoses et dépression.

Depuis plusieurs années, nous avons eu tendance à se focaliser sur la phobie scolaire et depuis peu sur le harcèlement scolaire. Cependant, ils ne sont pas les seules raisons à une peur de l’école, l’évitement de l’école. Parfois, ces causes s’entremêlent et se confondent. Il est alors important d’adopter une attitude d’écoute bienveillante et active. Ne jamais minimiser la vie des enfants et ado, ne jamais dire que c’est normal quand un problème survient et dire que ça va passer. Les enfants, adolescents construisent leur représentation du monde et de leur perception de soi durant ces différentes étapes de socialisations et pensent que toutes différences les écartant de la norme est mal et les mèneront à une exclusion du groupe. Il est donc nécessaire de toujours adopter un comportement ne jugeant pas, mais ouvrant à la communication. 

L'Innocence LE PACTE
L’Innocence LE PACTE

Les points positifs du film sur les comportements de la mère et éléments importants du film

Le point positif du film est de montrer les signes et l’attitude qu’un parent devrait avoir : 

• Un enfant qui se coupe ou change sans prévenir sa couleur de cheveux, son style vestimentaire sans raison
• Un évitement soudain de l’école en prétextant être malade de manière répétée
• Des mensonges et un évitement soudain de toute discussion sur l’école
• Apparition de comportement à risque et parfois de passage à l’acte
• Apparition brutale et progressive d’un dénigrement de sa personne et de ses qualités, ici, il se dit être un monstre et avoir un problème.

Le film montre également les rouages du système éducatif japonais, où l’administration a peur d’avoir un mauvais classement et aussi d’avoir un contrôle commandité par l’association des parents d’élève, qui a dans ce pays un rôle presque politique. Nombreuses de ces associations sont de droite conservatrice, dans un pays où les sanctions corporelles sont encore perçues comme un moyen d’éduquer les élèves récalcitrants à l’autorité. 

Au Japon, les enfants sont livrés très jeune à eux-mêmes, ils rentrent dès 4-5 ans seuls de l’école et on a mis en places des alarmes sonnant tous les jours pour prévenir aux enfants qu’ils doivent rentrer chez eux.

« L’Innocence » offre une exploration puissante et nuancée du harcèlement scolaire, mettant en avant la nécessité de la communication, de la compréhension et de l’empathie pour prévenir et résoudre ces situations délicates. Le réalisateur et le scénariste Yuji Sakamoto soulignent également l’importance d’avoir le point de vue de chacun des acteurs d’un conflit avant de prendre une décision ferme. Écoute, communication et bienveillance sont la clé pour une sortie de conflit et entretenir l’empathie au sein d’un groupe.

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